Session de printemps au CMUE
Le 16 mai 2008, le général d’armée Jean-Louis Georgelin s'est rendu à Bruxelles pour la session 2008 du Comité militaire de l'Union Européenne (CMUE). Le général d'armée Henri Bentégeat, chef du CMUE, a présidé cette session plénière. Il a fait un point de situation sur les opérations en cours et sur la présidence de la France à l'Union européenne à compter du 1er juillet 2008.

La création du CMUE s’est décidée à Helsinki, lors du Sommet de décembre 1999. Deux ans après les accords de Saint-Malo qui marquèrent le début de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) et la nécessité de doter l’Union d’une "capacité autonome d’action, appuyée sur des forces militaires crédibles, afin de répondre aux crises internationales", le CMUE institutionnalise l’Europe de la défense.
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Composé des chefs d’état-major des états membres, le CMUE est la plus haute instance militaire de l’UE. Il est chargé de formuler des avis et des recommandations au Comité politique de sécurité (COPS) sur tous les aspects militaires de la PESD. Il suit également les opérations militaires et évalue les options stratégiques définies par l’état-major de l’Union européenne (EMUE) auquel il donne ses directives. Il est assisté par un " comité pour les aspects civils de la gestion des crises " (CIVCOM) qui a pour mission de préparer les décisions dans ce domaine.

Élu par les CEMA des états membres pour trois ans, le président du comité militaire de l’UE siège aux réunions hebdomadaires du CMUE (niveau représentants militaires) et aux rencontres de niveau CEMA (traditionnellement une par semestre).

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Projet de programme de la présidence française de l’Union européenne (PFUE)
Prononcé par le CEMA - 16 mai 2008
 
Monsieur le Président du Comité militaire, chers collègues, mesdames et messieurs,

Je voudrais commencer par rendre hommage au travail du Comité militaire qui a été accompli, sous l’impulsion de la présidence tripartite constituée de l’Allemagne, du Portugal et de la Slovénie qui s’achève dans quelques semaines. En particulier, nous avons planifié, lancé et commencé à conduire d’importantes opérations dans des zones géographiques cruciales pour l’Union européenne : l’Afrique et les Balkans. Là bas comme ailleurs, la PESD joue sa crédibilité et nous ne pouvons échouer.

Désormais s’ouvre un nouveau cycle de présidence tripartite, constitué de la France, de la République tchèque et de la Suède. Le processus de ratification du Traité de Lisbonne est en cours. C’est pourquoi les autorités françaises n’ont pas encore diffusé un programme précis de présidence dans le domaine de la PESD.

Les grandes lignes en matière de défense et de sécurité, qui nous concernent directement, sont cependant fixées.

L’idée maîtresse est de profiter du nouveau cycle de Présidences pour donner une impulsion nouvelle à la PESD. C’est une nécessité, car les besoins d’intervention ne vont pas diminuer. L’objectif de la France pour sa Présidence est double : proposer des mesures très concrètes dans le domaine des capacités et préparer la mise en œuvre du traité de Lisbonne. Ces deux objectifs s’inscrivent dans la durée, ils se poursuivront lors des présidences suivantes. La participation de tous les États membres en garantira le succès.

Dans cet esprit, le Comité militaire devra se concentrer principalement sur :

1. Les opérations.

S’agissant des opérations militaires, la priorité va tout d’abord au plein succès des opérations en cours.
Sous la présidence française, nous aurons la lourde responsabilité de préciser l’avenir de l’opération Althéa en Bosnie. Il est évident que l’environnement régional des Balkans devra être pris en considération.
La revue de la mission EUFOR Tchad / RCA sera un rendez-vous important à coordonner avec l’ONU ; nous l’inscrirons dans la perspective du respect des échéances fixées pour la fin de l’opération.

2. L’amélioration des capacités des Européens à agir ensemble :

- en réactualisant, conformément au mandat du Conseil européen de décembre 2007, la Stratégie européenne de sécurité afin d’exprimer une vision commune des intérêts des Etats membres, compte tenu des évolutions de l’Union et de celle de l’environnement international ;

- en dynamisant le développement des capacités militaires européennes, à travers l’identification de projets capacitaires concrets et structurants comme les hélicoptères, les avions de transport, l’espace. Il s’agit également de soutenir l’Agence européenne de défense pour en faire une pépinière de programme de recherche et d’armement et un véritable moteur de la coopération européenne ;

- en proposant des mesures pour renforcer l’interopérabilité et les capacités de réaction rapide de nos forces au profit de l’UE : je pense en particulier aux travaux sur l’approche interarmées entre les Groupements tactiques et les concepts de réaction rapide dans les domaines aérien et maritime, mais aussi à une possible initiative permettant de renforcer la capacité de projection aéronavale qui pourrait agréger des capacités autour d’un porte-avions ;

- en consolidant les capacités de planification et de conduite des opérations de l’Union sur la base des enseignements retirés des opérations, notamment avec le suivi des recommandations dites « post Wiesbaden » sur la capacité de l’EMUE ;

- en lançant une initiative destinée à favoriser les échanges de formation militaire, qui pourrait être, dans un premier temps, développée au profit des officiers en formation initiale sur le modèle d’un « Erasmus militaire ».

3. L’amélioration des « partenariats de sécurité » de l’Union sera, dans la continuité des présidences récentes, un axe fort de la présidence française.

Nous devrions, au sein du Comité militaire, être particulièrement concernés par la mise en œuvre du partenariat avec l’Afrique, des relations avec l’ONU, et sur la relation UE/OTAN pour mieux coordonner les actions de l’Union et de l’Alliance atlantique lorsqu’elles sont engagées sur un même théâtre.

4. La préparation de la mise en œuvre du Traité de Lisbonne.

Celui-ci offre potentiellement de nouvelles perspectives pour la défense européenne, en particulier par le biais de la Coopération structurée permanente, des coopérations renforcées et du Service européen d’action extérieure. Une vision commune des principes et des critères de mise en œuvre sera recherchée lors de la présidence française.

Monsieur le Président du Comité militaire, chers collègues, mesdames et messieurs, si la France montrera le chemin pendant sa Présidence, ce n’est que tous ensemble que nous pourrons avancer et faire franchir à la PESD une nouvelle étape.

Avec votre aide, nous ferons tout notre possible pour atteindre ces objectifs qui permettront à l’Union de poursuivre son action de gestion des crises et développer des capacités qui soient à la hauteur des attentes des Européens et des besoins d’Europe dans le monde.

Je vous remercie de votre attention.

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Dernière mise à jour : ( 03-07-2008 )