Diner-débat 2007 : une grande réussite

A l'invitation de l'ANRAT, le diner-débat 2007 a réuni le mercredi 7 novembre une centaine de participants dans les salons du Cercle National des Armées. En voici le compte rendu :

Le Président de l’ANRAT, le colonel Pierre Bayle a ouvert la rencontre réunissant une centaine de participants, cadres d’active et de réserve, industriels et journalistes, en accueillant le Général d’Armée Bruno Cuche, chef d’état major de l’armée de terre et Bruno Rambaud, président du Groupement des Industries de Défense Terrestre. Hommage est rendu à l’objectif atteint par le CEMAT d’avoir envoyé en OPEX une unité organique de réserve et à son intention de renouveler l’opération après le RETEX approprié. Cette réalisation atteste de la foi du CEMAT en la Réserve qui lui en est reconnaissante. Le Ministre de la Défense Hervé Morin est remercié pour le haut patronage qu’il a bien voulu accorder à ce dîner-débat.

 


Le général d'armée Bruno Cuche, CEMAT
prend ensuite la parole pour une allocution où il affirme son attachement à la réserve. Une réserve forte est une composante à part entière de la l’armée de terre. Le déploiement récent d’un peloton de réservistes à Mostar prouve la capacité des unités de réserve à être projetées en OPEX. Ainsi qu’en atteste aussi sa participation à Vigipirate, la réserve contribue au fonctionnement et au rayonnement de l’armée de terre. Les réservistes sont tout autant des experts professionnels qu’opérationnels. Leur double engagement au service de la puissance économique et militaire de la France doit être salué. Le thème du débat de ce soir pose la question de fond qui est de savoir si le système actuel répond aux attentes de chaque intervenant ; il faut en effet dépasser l’approche périmée du bon vouloir pour discerner l’intérêt mutuel dans un processus « Gagnant gagnant ».
Il y a lieu de modifier la posture du réserviste au sein de l’entreprise et de le sortir d’une certaine « clandestinité ». Les entreprises sont trop peu nombreuses à considérer les périodes de réserve comme des expériences qualifiantes. Une intensification de l’information en direction des entreprises devra être obtenue et c’est dans ce cadre que la Journée des réserves de 2008 sera planifiée en un jour ouvré.
L’armée de Terre et les entreprises devront réfléchir ensemble sur la façon de coordonner les opérations militaires et économiques sur les théâtres d’opérations afin d’identifier les nécessaires contreparties économiques. L’entreprise doit prendre conscience de toutes les potentialités issues du déploiement de forces. Des études pourront ainsi être menées sur le renforcement des états-majors en réservistes qualifiés issus de l’entreprise. Les soldats d’active devront aussi devenir plus enclins à soutenir le rayonnement économique de notre pays. Tous les soldats d’active ou de réserve sont des exemples de la France qui gagne.

Bruno Rambaud, Senior Vice President de la division Systèmes Terre et Interarmées du Groupe THALES, ouvre son propos en reconnaissant les nouvelles perspectives offertes par la nouvelle loi sur les réserves et ses décrets d’application récemment publiés. Leurs dispositions vont permettre un renforcement du lien partenaire entre la Défense, les acteurs de la DGA et les entreprises. Plusieurs conventions ont été signées dans des grandes entreprises telles que Thalès, Snecma (Safran), Air Liquide ou Air France ; ces conventions assouplissent le régime légal et octroient notamment la possibilité pour leurs personnels concernés le doublement de la durée des périodes possibles tout en réduisant par deux les préavis requis. Dans quelques jours, Bruno Rambaud partira pour Kaboul avec une équipe largement composée d’officiers de réserve pour assurer les communications opérationnelles de l’OTAN sur une soixantaine de sites. Il est par ailleurs maintenant de notoriété publique que Thalès est engagée de la même manière en Irak où la mise en œuvre des drones britanniques est assurée. Il convient cependant d’éviter le « piège de l’outsourcing » et, dans cette perspective, le nécessaire est fait pour que les industriels restent à leur place. Le souhait est exprimé que les règles de gestion soient assouplies et que les quotas limitant l’emploi des réservistes en OPEX soient allégés. Enfin, dit-il, nous devrions renforcer le partenariat entre la réserve et les entreprises travaillant au profit de l’armée de terre afin de développer un authentique lobbying de soutien à l’armée de terre.

Pierre Servent, président de la Réunion des Orsem et modérateur du débat lance la première table ronde, non sans reconnaître au colonel Philippe Lhermitte le mérite d’avoir lancé l’idée de ces dîners-débat dont c’est la troisième édition. Les deux interventions précédentes attestent de ce que les choses évoluent dans le bons sens. Les témoignages à venir vont donner la dimension interarmées et internationale de ce dîner-débat.

Emmanuel Montanié, de la direction des affaires internationales du MEDEF, se félicite de cette troisième année de partenariat pour le montage de cette rencontre qui avait vu l’an dernier la participation de Catherine Minard. La dernière OPEX du lieutenant e l’enseigne de vaisseau Montanié concernait l’évaluation du risque sécuritaire en RDC en vue de la tenue d’élections générales. Les personnels d’active et de réserve de sa mission ont été conduits à se déployer en tous lieux non couverts par l’EUFOR et la MONUC. L’apport de réservistes a permis l’ouverture de portes au plus haut niveau économique, politique et militaire. Une difficulté réside toutefois dans l’adéquation humaine du manager civil au cadre militaire de sa position de réserviste. Il y a donc une nécessaire acceptation mutuelle entre le réserviste et le chef militaire qui peuvent réciproquement agir en facilitateur de la réalisation de la mission de chacun.
Jean-Claude Desrentes, de la Direction Générale du Soutien Militaire de Dassault Aviation, revient, comme capitaine de réserve de l’armée de l’air, d’une mission militaire à Douchambé. Il a été surpris pour le meilleur par l’intérêt qu’a suscité cette mission dans son environnement professionnel qui a globalement bien perçu son engagement.
Cette première table ronde se conclut par l’ouverture internationale en la personne du Lieutenant-colonel Patrick Fess des réserves de l’armée allemande (VdRBW). Ingénieur en distribution d’énergie à Trèves, il a été envoyé en OPEX dès 1993 comme officier de liaison auprès de l’UNSOM à Djibouti. En 1996 et 1998, il a été engagé dans les opérations OTAN sur les Balkans. Il rentre de cinq mois à Kaboul comme officier de liaison, poste dont le prédécesseur avait été tué en service. Les pouvoirs publics allemands reconnaissent désormais, ainsi que l’affirmait un ministre de la Défense, que «  la liberté de l’Allemagne doit aussi être défendue aux limites de l’Hindou Koush ». Il reste néanmoins encore un défi de communication à relever pour faire mieux accepter par les chefs d’entreprise les 7% de réservistes partant en OPEX.

La deuxième table ronde propose des expériences de réservistes ayant été en OPEX avec un apport direct pour leur entreprise. Ainsi en va-t-il du Capitaine de corvette de Penfentenyo qui, après un DESS de Défense, a rejoint ALCATEL dont il est le directeur Business Development export des marchés Défense et Sécurité. Affecté au GIACM de Lyon, il rentre de trois mois au Liban où il a assuré la recherche de financement des opérations civilo-militaires de l’opération DAMAN auprès des autorités françaises. Tout en devant suivre par Internet l’avancée de ses propres dossiers d’entreprise, il a pu contribuer à l’identification de marchés potentiels pour des entreprises françaises. Son action a permis à bon nombre de militaires d’active de reconnaître la réserve comme une composante à part entière de la Défense.
Le Lieutenant colonel Bernard BON, du cabinet d’audit Ernst & Young, est en partance pour le Liban dans le cadre d’un congé assimilé aux absences pour naissance. A défaut de rapporter un bénéfice direct pour l’entreprise de cette opération, il a pu, en avance de phase, faire participer son comité directeur à un séminaire de deux jours initiant celui-ci aux méthodes d’état-major avec notamment un entraînement de simulation Janus.

Répondant à un engagement pris par le CEMAT, le capitaine Le Bohec a pu emmener sa section de réserve du 516ème régiment du Train en Bosnie pour une OPEX qui vient de se terminer. Pour 26 places disponibles, 100 volontaires s’étaient manifestés. Un sondage a notamment révélé que seuls deux d’entre eux avait fait le calcul de leurs gains potentiels, montrant ainsi que ce paramètre n’était pas le ressort de motivation premier.

Le Délégué aux réserves de l’armée de Terre (DRAT), le général BOULNOIS, prend la parole et présente une synthèse de la situation actuelle des réserves et de ses évolutions. A ce jour, les réserves de l’armée de Terre se composent de 18.000 réservistes opérationnels et 500 réservistes citoyens. La comparaison de statut est tout à fait supportable avec le système britannique, qui a un coût sensiblement supérieur, et avec les réserves américaines dont l’emploi est poussé à ses limites d’acceptabilité. En France, le budget emploi opérationnel des réserves a évolué de 5% du budget total de celles-ci en 2002 à 15% actuellement, l’objectif 2008 étant de 25%. Seul un réserviste sur deux parmi ceux projetés en OPEX est un ancien d’active.

L’intérêt pour l’entreprise de l’emploi des réservistes en OPEX s’établit sur trois axes ;

• La formation proposée dans le cadre militaire est une plus value pour l’entreprise. Elle apprend à décrypter les problèmes et à formuler des solutions.  De nombreux cadres ont pu le constater en participant au certificat d’état-major de premier niveau.
• L’information et notamment l’intelligence économique sont très développées au sein des grands états-majors projetés. On peut exprimer le « rêve » qu’à terme, les entreprises passent commande en fonction de leurs besoins d’information.
• De nouvelles formes d’action vont pouvoir être envisagées avec la mise en œuvre de la nouvelle loi sur les réserves et de ses décrets d’application récemment publiés. Le crédit d’impôt pour activités dans la réserve est un dispositif méconnu et inexploité, à développer. Les partenariats de défense ont connu des avancées avec la réalisation des formations en intelligence économique qui pourraient connaître un cycle de perfectionnement. De nouvelles conventions pourraient établir les bases selon lesquelles des réservistes travailleraient en OPEX pour soutenir leur activité notamment dans la conquête de marchés d’armement.

Le Médecin Général Inspecteur WEY, conseiller réserves du Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et aux Réserves Alain Marleix, et représentant à cette soirée à la fois le ministre et le secrétaire d’Etat, intervient pour exprimer l’intérêt qu’accorde le ministre de la défense aux travaux sur la réserve tout autant que l’attention qu’y porte le Secrétaire d’Etat, retenu par une audition au Sénat. Les réserves à l’échelon national représentent 57.000 ESR et plus d’un million de journées d’activité. 47% sont des militaires du rang, 37% des sous-officiers et 17% des officiers, répartition reflétant une adéquation aux besoins des armées. Pour l’emploi des réservistes, une forte adhésion des employeurs civils et du monde de l’entreprise est nécessaire. Nul doute que cette fin sera atteinte par le développement des valeurs communes à l’entreprise et aux armées.

En témoignage de reconnaissance pour leur participation au dîner-débat de ce jour, le colonel Bayle remet la médaille d’or de l’ANRAT à Bruno Rambaud et au général Wey ainsi que la médaille de bronze de l’ANRAT aux cinq réservistes qui ont apporté leur témoignage.

-------------------------------------------------

Le discours introductif du Président, Pierre Bayle

Le discours du général d'armée Bruno Cuche, CEMAT

Le discours de Bruno Rambaud, président du GICAT

Les 24 premières photos de la soirée

Les 24 photos suivantes de la soirée 

Dernière mise à jour : ( 01-12-2007 )