ANRAT : Depuis quand êtes-vous réserviste ? Et
depuis quand commandez-vous la batterie ?
CNE (R) TRONCO : Je suis entré dans la réserve en
1998 mais de 2012 à 2015 j’ai complètement arrêté et je suis reparti à zéro
dans mon grade en 2015. Je commande la batterie de réserve du 35e
RAP depuis le 13 juillet 2018.
Quelles qualités faut-il pour être commandant de
batterie ?
De l’organisation (il y a beaucoup de
gestion et de suivi au quotidien de dossiers très divers départs en opération,
instruction, attribution des récompenses…). Les nouvelles technologies aident à
cela mais ne font pas tout… Essayer d’être « un bon berger » pour les
personnels de mon unité et des compléments individuels dont je m’occupe
également, donc veiller à eux à la fois avec rigueur (en particulier
pour les règles de sécurité à respecter ou l’image à donner) et bienveillance
(le côté notamment « officier conseil » ou rôle social de l’officier,
efforts pour leur faire bénéficier des avantages auxquels ils ont droit). Il ne
faut donc pas compter ses heures en période d’activités, comme chez soi lorsque
l’on n’est pas au régiment. Penser à son unité avant de penser à soi, ceci est
valable pour le bon CDG et pour le bon CDS ou ADU. S’efforcer d’être juste
et exemplaire, savoir s’appuyer et donc utiliser les savoirs militaires et
civils très divers des cadres aux expériences souvent riches et très variées. Se
maintenir en forme et pouvoir participer à toutes les activités de l’unité.
Et les défauts à proscrire ?
La partialité, le manque de tempérance, le mauvais
copinage…
Qu'est-ce que vous admirez le plus chez vos hommes ?
Leur motivation en général, la volonté chez les jeunes
en particulier de faire les choses les plus dures possibles (les plus
« pêchue ») au niveau physique notamment et d’en redemander... Le
civisme et même le patriotisme notamment des engagés ou rengagés d’après les
attentats de 2015. Le parcours des anciens avec un passé guerrier (avec pour
les plus âgés ceux qui sont partis au Liban, en ex-Yougoslavie ou en
Afghanistan, l’un de nos doyens, en complément individuel, a été grièvement
blessé lors de la Guerre du Golfe) et un passé d’active souvent bien rempli
(ex-gcp, stages difficiles aux quatre coins du monde…). Le bon esprit et
l’excellente symbiose entre anciens d’active et « purs réservistes »
et entre anciens et jeunes.
Que vous apporte la réserve dans votre vie personnelle
et professionnelle ?
Plus de satisfaction (gratification morale) que mon
activité civile depuis des années. En outre, cela m’amène davantage de
confiance en moi et dans mes facultés d’adaptation à des situations très
différentes.
Quels sont les rapports entre les réservistes et les
militaires d'active dans le régiment ?
De bons, et souvent d’excellents, rapports sont
entretenus entre réservistes et militaires de l’active. Il y a parfois encore
quelques a priori de la part de ceux qui n’ont jamais travaillé avec des
réservistes. Cette catégorie devient de plus en plus en rare et change
radicalement d’avis en travaillant avec nous et en constatant notre motivation
et notre professionnalisme.
Propos
recueillis par le Capitaine (R) François GAIGNAULT
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