« Sans
réserves ! », telle est la devise de la 5ème compagnie
du 92ème RI et de ses réservistes qui donnent tout sans
s’économiser, sans compter leur temps, sans faire étalage de tous ces petits sacrifices
quotidiens qui leur font abandonner la tiédeur du foyer, la vie auprès des
proches et le repos après le boulot. Pourquoi ?
Pour servir !
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« Depuis
quatre ans nous sommes parfaitement intégrés dans le dispositif régimentaire », explique avec un brin
de fierté bien légitime le capitaine Loïc Malfant. Une section Proterre va
d’ailleurs bientôt partir s’entraîner au CENTAC de Mailly avec la compagnie de
Commandement et de Logistique du « 92 ». L‘objectif de cette section composée d’un officier, de sept
sous officiers et de dix neufs militaires du rang, tous réservistes, est d’être
capable de faire de la protection pour le train de combat et le camp de
soutien. Il s’agit d’escorter les convois chargés d’approvisionner les soldats
de première ligne et de récupérer les blessés pour les évacuer vers la base
arrière. Cet entraînement se fait au profit de la CCL et des compagnies de combat du régiment.
De plus, certains réservistes de la 5ème compagnie du 92ème
RI ont effectué des missions Vigipirate : une section en décembre 2012 à
Paris, un groupe de combat en février 2013 à Lyon ainsi qu’à Lille/Calais en
avril 2013.
Enfin, lors de l’exercice en terrain libre de mai 2013, concernant la
défense des points sensibles sur le territoire, la 5ème compagnie a
eu pour mission la défense d’un relais de communication en Haute-Loire pendant
quatre jours.
Et comme le confirme le capitaine Malfant : « Nous avons aussi la capacité de soutenir la base arrière pendant
la projection régimentaire »
Le mot
d’ordre : « recruter ! »
Les cadres de la 5ème compagnie organisent deux FMIR
(formation militaire initiale de réserviste) d’une douzaine de jours en février
et en juillet pour promouvoir la réserve et tenter de recruter. « 30% des jeunes que nous formons comme
réservistes dans l’armée française abandonnent ensuite rapidement cette
activité », constate avec peu de dépit le CDU. Cependant, il retrouve
très vite le sourire lorsqu’il explique qu’il y a en ce moment 120 ESR au sein
du régiment, et que pour chaque sortie environ une cinquantaine de PAX sont
présents. Il ajoute : « En 48 h
nous pouvons fournir un groupe de combat. Pour une section, cela demande
davantage de temps. Il faut que nos gars puissent négocier avec leur employeur,
poser des congés et prendre des dispositions familiales ».
La 5ème compagnie est constituée à 60% d’étudiants qui ont
entre 18 et 22 ans. Après, il y a une poignée d’anciens sous officiers
supérieurs âgés de 38 à 45 ans - adjudants et adjudants-chefs - anciens du
service national. A noter aussi la présence pour les sous-officiers et les
militaires du rang d’environ 10% d’anciens soldats d’active. Trois réservistes
sur quatre sont des jeunes de moins de 30 ans ; les autres se divisent en
deux catégories : soit des anciens militaires du rang ou sous-officiers
d’active, soit des anciens du service national.
La professionnalisation des réservistes…
« Durant leur
période de réserve mes hommes doivent être professionnels. En effet, il faut
qu’ils soient capables de remplir les missions pour lesquelles ils sont
destinés », nous confie le capitaine Malfant. En outre, il attend de
ses cadres, officiers et sous-officiers, une motivation sans faille, un
investissement important mais aussi qu’ils soient force de proposition.
Quant à l’entraînement des réservistes, il est identique à celui que
l’on trouve dans toutes les unités de l’armée française : NRBC, trans,
topo, secourisme, sport, drill de combat, etc.
« Nous
insistons particulièrement sur le tir et sur la condition physique. » Dans la foulée, il
exprime l’extrême importance qu’il attache à la sécurité lors des séances
de tir !
…leur apporte-t-elle plus de considération ?
La question se pose chaque année avec plus d’acuité. C'est un fait
les réservistes sont bien vus par la population, liens naturel entre la nation
et l'armée. Cependant, leur statut n'est pas toujours très bien compris. « La concertation existante entre les
employeurs civils et l'institution mériterait certainement d’être approfondie
afin d'aider le réserviste quant à sa disponibilité. Quel poids souhaite-t-on donner à la réserve
opérationnelle et quels moyens souhaite-t-on mettre à sa disposition ? »,
déclare le capitaine Malfant. Parmi les difficultés que rencontre un commandant
d’unité réserviste dans l’exercice de ses fonctions, on retrouve un vieux
serpent de mer : le manque de matériel. Il est logique que les camarades
d’active, qui gèrent désormais leurs matériels moins nombreux qu’auparavant par
« parcs », soient prioritaires. Résultat, il faut parfois aux
réservistes un peu de débrouillardise, beaucoup d’altruisme, de volonté et de
persévérance pour remplir les missions qui leur sont confiées.
Le capitaine Malfant, un CDU heureux !
« J’avoue que
je suis surtout fier de mes hommes qui sont prêts à s’engager et à prendre sur
leurs temps pour servir la France. Ce sont des patriotes au noble sens du terme. Ils veulent
s’investir pour les trois couleurs ! Il n’y a aucune signification
idéologique dans mes propos, juste la satisfaction de voir mes réservistes,
très divers dans leurs opinions politiques, philosophiques et religieuses,
s’engager au service de la population de notre pays », indique le
capitaine Loïc Malfant. Il poursuit en expliquant que l’engagement reste un mot
fort, d’autant plus qu’à l’heure actuelle les jeunes ont tendance à ne pas
s’engager, que cela soit dans la vie privée ou dans la vie associative.
« Il règne une
dynamique exemplaire dans la compagnie grâce au soutien des cadres du régiment
et du chef de corps. La réserve a une existence réelle au 92ème RI », constate le CDU.
D’ailleurs pour lui : « La 5ème
compagnie du 92ème RI est l’une des plus belles compagnies de
réserve de France ! »
Lieutenant (R) François GAIGNAULT ( photos : copyright X.D
R)
LE 92ème
RÉGIMENT D’INFANTERIE
A moi,
Auvergne !
Le 92ème Régiment d’Infanterie tire ses origines de deux
filiations : le « Royal-Irlandais » et le 17ème
Régiment d’Infanterie Légère.
Le « Royal Irlandais » est créé en 1661 par Charles II Stuart
dans sa lutte contre les Anglais. La victoire de ces derniers provoque
l’émigration de nombre « d’oies sauvages » vers la France. D’abord troupes auxiliaires, puis
intégrées dans l’armée royale en 1698, elles sont de toutes les campagnes du
Roi Soleil et de Louis XV. Les « Irlandais » du Roi de France
s’illustrent particulièrement à Malplaquet (1709) et à Fontenoy (1745). Ils
font également partie du corps expéditionnaire envoyé aux Amériques pour prendre
part à la guerre d’indépendance des Etats-Unis. En 1791, le Royal Irlandais,
régiment du comte de Walsh, devient le 92ème RI, numéro auquel sera
également rattaché en 1855 le 17ème Régiment d’Infanterie Légère
créé pendant la révolution.
Par cette double filiation historique, le régiment participe aux combats
de la révolution, notamment Rivoli (1797) et à toutes les grandes batailles du
Premier Empire, particulièrement Austerlitz (1805) et Iéna (1806). Présent à
Wagram (1809), il s’illustre également lors des campagnes d’Espagne et de
Russie.
Sous la Restauration, il se bat en
Algérie contre les troupes d’Abd-El-Kader et s’illustre à la prise de
Constantine (1837).
Engagé pour la défense de la patrie en 1870, il participe aux batailles
de Villersexel et de la Lisaine qui figurent parmi
les rares succès français de ce conflit.
En 1881, il s’installe définitivement à Clermont-Ferrand, devenant ainsi
au fil des ans le « régiment d’Auvergne ».
C’est ensuite la Grande Guerre durant laquelle il
gagne trois citations et le droit au port de la fourragère, en se couvrant de
gloire à Ypres, dans l’enfer de Verdun, lors de l’offensive de la Somme ou des combats de l’Ourcq.
Le 92ème RI gagne une nouvelle citation pour ses furieux
combats de mai 1940, depuis Anvers jusqu’à la défense acharnée des faubourgs de
Lille qui lui vaut les honneurs militaires de l’ennemi avant le naufrage de son
drapeau embarqué à bord du Sirocco. Le régiment est dissous durant
l’occupation, en 1942. Les maquisards de la résistance Auvergne lui redonnent
vie en 1944.
Il participe ensuite aux combats d’Algérie.
A partir de 1982, le régiment participe à la plupart des opérations
extérieures de la France : Liban, Bosnie,
Kosovo, république de Côte d’Ivoire, république centrafricaine, Tchad, Afghanistan,
Mali. Il participe également aux forces de présence et de souveraineté et aux
missions intérieures
Sur son drapeau, décoré de la croix de guerre 1914-1918 avec trois palmes et donc fourragère aux couleurs de
cette décoration, est inscrite la devise : « Honneur et Patrie ». Dessous, les principales batailles
auxquelles l’unité a participé apparaissent :
Rivoli 1797
Austerlitz 1805
Iéna 1806
Constantine 1837
Ypres 1914
Verdun 1916-1917
La Somme 1916
L’Ourcq 1918
Résistance Auvergne 1944
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La devise du 92ème régiment d’infanterie : « Debout soldat
d’Auvergne, debout ça va barder ! A moi… !
Auvergne… ! »
Le mot du colonel Bert, Chef de
Corps du 92ème RI
« Le
92ème régiment d’infanterie s’appuie avec beaucoup de confiance et
de succès sur ses réservistes, dont la présence et le dynamisme sont tout à
fait remarquables depuis de nombreuses années.
Signe fort de la réalité
du lien armée nation, cette confiance réciproque s’enracine dans une forte
exigence professionnelle, donc sur le contrôle régulier des activités de la
compagnie de réserve, au même titre que pour les compagnies professionnelles.
Le régiment doit savoir faire face à l’urgence et réagir devant la
surprise avec professionnalisme, discipline, cohésion, en gardant en
permanence le souci du facteur humain.
Nos réservistes participent pleinement à cette dynamique, avec
enthousiasme et disponibilité, tant à travers les activités planifiées qu’à
travers leur présence fréquente dans les murs du quartier, notamment dans le
cadre des activités de cohésion : ils font pleinement partie de la grande
famille gauloise. Ainsi sont-ils prêts et à leur place dans la manœuvre
d’ensemble le jour où l’on a besoin de leur savoir-faire.
Membres à part entière
du régiment d’Auvergne, ils méritent leur parcelle de gloire des récentes et
nombreuses opérations du régiment. Certains y ont d’ailleurs été
projetés ; beaucoup se sont fortement investis en renfort de la base
arrière ; la compagnie a assuré sa part des missions avec efficacité,
notamment à Vigipirate.
Leur engagement les
honore, d’autant qu’il se superpose à d’autres responsabilités civiles. A
l’heure où beaucoup placent au-dessus de tout la recherche du confort dans une
optique individualiste, les réservistes représentent un exemple de dévouement
au service de la France qui mérite d’être souligné et mis à l’honneur. »
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