Indispensables réserves (source DNA le 3 avril 2013)
La journée nationale du réserviste a
lieu jeudi 4 avril. Elle permet de donner plus de visibilité à ces 57 000 militaires à
temps partiel qui consacrent en moyenne 22 jours par an aux armées et à la
gendarmerie.
Cet habitant de l’agglomération colmarienne a
consacré 50 jours de l’année 2011 aux activités de réserve. Moitié moins l’an
dernier ; et il ne devrait enfiler son uniforme de sous-officier de la gendarmerie
qu’une quinzaine de jours en 2013. Ce quadragénaire regrette cette baisse
d’activité qu’il impute aux « restrictions budgétaires ». Celui qui entame sa
21e année comme réserviste renforce les
brigades d’astreinte lors de fêtes viniques, participe, en EDSR (escadron
départemental de sécurité routière) aux contrôles d’alcoolémie, assure la
sécurité lors duRallye de France ou patrouille lors des marchés de Noël.
Et tout cela pour 85€ net par jour. « Je ne fais pas cela pour l’argent »,
assure ce cadre. D’ailleurs, il aurait été prêt, quelques jours par an, à jouer
les réservistes à titre bénévole. C’était d’ailleurs la suggestion avancée par
certains membres du conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM). Ils
estimaient que la non-rémunération d’une partie des activités des réservistes pouvait
être une réponse aux réductions successives des budgets consacrés à l’emploi de
ces « militaires à temps partiel ». Une proposition qui a fait long feu.
En effet, lors d’un point presse tenu la semaine dernière, le ministère de la
Défense a réaffirmé le principe de rétribution de ceux qui signent un
engagement à servir dans la réserve. « Le bénévolat évoqué par des membres du CSRM
comme une piste de réflexion possible n’est actuellement pas envisageable ».
Ceci dit, l’aspect financier reste un
problème majeur. Dès 2009, trois parlementaires avaient cosigné un rapport sur
le sujet, indiquant que la cible de 80 000 réservistes prévus pour 2015 était
irréaliste sans augmentation budgétaire. Pour l’amiral de Roquefeuil, secrétaire général du CSRM, ce besoin exprimé
par la Défense (40 000 militaires) et l’Intérieur (40 000 gendarmes)
reste d’actualité même s’il faudra sûrement attendre 2017 ou 2018 avant de l’atteindre.Le patron du CSRM rappelle par ailleurs
que les réserves représentent des budgets « raisonnables », 72M€ pour la Défense et moins de 40M€ pour l’Intérieur, celui-ci étant tout de même en baisse d’une
quinzaine de millions d’€.Et pourtant, martèle l’amiral, cette force
d’appoint est « indispensable » au bon fonctionnement des armées. Elle fournit
des renforts nécessaires notamment lorsque les unités d’active sont en opérations
extérieures ; elle pallie les besoins en personnel (protection de sites
sensibles, Vigipirate) et offre aussi toute une palette de spécialistes (linguistes,
informaticiens, électroniciens…) dont la Défense peut manquer.
Mais pour que cette réserve soit pleinement
efficace, il faut fidéliser. Et c’est peut-être là où le bât blesse. « Le
turn-over des réservistes dans l’armée de terre est plus important que prévu,
surtout chez les jeunes », souligne Emmanuel
Nommick, président de l’association nationale des réserves de l’armée de terre
(ANRAT). Outre les déménagements, les changements de situation familiale,
ce dernier avance comme explication la reconnaissance par l’institution, «
variable d’un régiment à l’autre ». « On fidélise sûrement plus facilement
lorsqu’on accorde une attention soutenue à ses réservistes ».
Les
réservistes étaient, fin 2011, 57 187, dont 27 411 gendarmes. La durée moyenne
des jours d’activité était de 22,85 en 2011.
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