« Unité
d’élite, le 17e Régiment du Génie Parachutiste jouit d’une
excellente réputation. D’ailleurs, nous n’avons pas de problèmes pour recruter
de nouveaux réservistes. Les candidatures sont nombreuses et les heures sombres
que nous avons traversées n’ont pas dissuadé les jeunes de venir nous rejoindre,
bien au contraire ! », explique le capitaine Yann Le Bars,
commandant d’unité de la 5e compagnie.
Aujourd’hui
les réservistes sont bien intégrés dans le dispositif régimentaire, mais les
débuts furent plus chaotiques comme dans pratiquement toutes les unités de
l’armée de Terre. Effectivement, à la fin de la conscription, en 1999, la
priorité était la professionnalisation et le recrutement des EVAT. « A cette époque, nous étions une
trentaine de réservistes inscrits, mais seulement une quinzaine de personnes
participait régulièrement aux activités programmées », confirme le
capitaine Le Bars. Il ajoute que les réservistes du « 17 » se prennent
alors en main en s’inscrivant aux événements régimentaires, notamment aux épreuves
sportives et aux exercices de tir. « Nous
nous greffions même à certains camps régimentaires lorsque cela était possible.
Je me souviens en particulier d’avoir participé, au niveau compagnie, au CEITO
(Centre d’Entraînement de l’Infanterie au Tir Opérationnel) ».
Néanmoins, il a fallu attendre 2004-2005
pour avoir une volonté de l’institution visant à monter en puissance la réserve
opérationnelle avec le recrutement d’anciens soldats, d’anciens appelés et de
civils sans passé militaire. Dans chaque régiment, une « cellule
réserve » est créée. Elle est composée de réservistes et de militaires
d’active qui sont chargés d’assurer les tâches administratives, comme le suivi
des formations et de la programmation des activités annuelles. Les structures
s’ouvrent et des parcours sont proposés aux réservistes présentant un profil de
sous-officier ou d’officier. Actuellement, c’est le Bureau Major de Réserve qui
prend la relève, mais « Les
réservistes de la 5e Compagnie sont bien pris en compte dans le
régiment et notre organisation est bien rodée. Notre effectif se compose de 5
officiers, 40 sous-officiers et 94 militaires du rang », déclare
confiant notre commandant d’unité.
Parmi les axes permanents de l’entraînement
des réservistes du 17e RGP, vous avez le tir ISTC. Il demande une
pratique régulière car il y a beaucoup de gestes et de réflexes à répéter. « Le tir est une priorité de la
compagnie », martèle son commandant d’unité. Quant au sport, il
précise qu’il fait naturellement parti des premières préoccupations mais que
chaque réserviste a le devoir de s’entraîner sérieusement à titre individuel et
pas seulement lors des jours de convocation au régiment. Il est vrai que
l’unité appartient aux troupes aéroportées et, qu’à ce titre, les réservistes doivent-être
exemplaires et irréprochables sur le plan de la condition physique. En outre,
s’ils veulent effectuer des sauts en parachute dans l’année, pas obligatoires
mais fortement recommandés - « C’est
une obligation morale ! », souligne le capitaine Le Bars - il
faut être « affûté » pour les tests physiques TAP qui ont lieu au
mois de novembre. « Si vous n’êtes
pas sérieusement préparé, le risque d’échec est grand. S’entraîner quinze jours
avant ne suffira pas ! », commente ce capitaine qui a maintenant
à son compteur de para quelques campagnes de sauts... Enfin, l’encadrement ne
fait évidemment pas l’impasse sur les MICAT (Missions Communes de l’Armée de
Terre) et, à toutes les convocations, le combat est au menu et l’on
« drill » sévère ! « Nous
avons également des créneaux réservés aux instructions particulières comme les
transmissions, le secourisme ou la topographie, sans oublier le TIOR très
apprécié de nos jeunes réservistes pleins d’énergie ! ».
Mais l’objectif du capitaine Yann Le Bars
est aussi d’augmenter les compétences de ses hommes sur les petits engins, tels
que l’Homelite (tronçonneuse) ou le Pionjar. La spécialité génie du régiment
n’est pas étrangère à cette orientation un peu particulière dans la formation
d’un réserviste ! Il est vrai que la 5e Compagnie du 17e
RGP doit-être en mesure de participer, éventuellement, à l’alerte Guépard dont
la finalité consiste à envoyer très rapidement des militaires secourir la population
civile, sur le territoire national, en cas d’événement grave. Le capitaine
s’entraîne donc avec ses hommes pour être capable de fournir en 48h
l’équivalent, sur le plan de l’effectif, d’un groupe Proterre. Les autres
missions pour lesquelles s’entraînent les réservistes sont plus
classiques : renforcement du 17e Régiment du Génie Parachutiste
pour les gardes, pour Vigipirate ou encore pour Héphaïstos. « Dans le cadre d’Héphaïstos, le plan
national de surveillance des feux de forêt dans le Sud-Est de la France, grosso
modo de Perpignan à Draguignan, une quinzaine de réservistes sont partis
effectuer des surveillances et du quadrillage de parcelles boisées. Les
contrôles de zone et la prise de renseignement auprès de la population pour
pouvoir donner l’alerte très vite aux pompiers en cas de début d’incendie ont
duré trois semaines. », indique le capitaine Le Bars qui poursuit en
dévoilant que ses hommes, entre deux et huit personnels, vont renforcer les
compagnies du « 17 » lors de leurs quatre missions Vigipirate qui ont
lieu chaque année. « Ils se
préparent en participant pendant une semaine à une MCP où l’on révise intensément
les bases du TIOR, les notions juridiques spécifiques à la mission, les
premiers gestes de secours et le tir ». Les missions confiées aux
réservistes sont nombreuses. Une des explications est le petit volume du 17e
RGP, 850 sapeurs, « C’est le plus
petit régiment de génie de l’armée de Terre, alors nous essayons de seconder au
mieux nos camarades d’active pour qu’ils puissent se concentrer sur leurs
missions prioritaires et notamment les OPEX ».
Un des problèmes auquel doit faire face le
commandant d’unité de la 5e compagnie du 17e RGP est la
stabilité géographique de ses réservistes, essentiellement au niveau de la
tranche d’âge 18-24 ans. « En effet,
ces jeunes viennent nous voir, signent un ESR mais si cela leur plaît ils
s’engagent ensuite rapidement chez les parachutistes comme militaires d’active ».
Autres sources de mouvement : ceux qui partent poursuivre leurs études ailleurs
ou qui déménagent à cause du boulot ! « Le
turn-over est important sur cette catégorie de réservistes qui compose tout de
même 70% de mon effectif global. Je n’ai que deux adjudants et un adjudant-chef
pour 120 Pax… ».
Quant à la fonction de commandant d’unité,
il avoue qu’elle n’est pas toujours simple et qu’elle demande une grande
motivation : « Je consacre au
minimum 8 heures par semaine à mon unité. Il faut gérer les effectifs,
surveiller la progression des réservistes, nous sommes souvent accaparés par
des questions administratives. Ce poste demande un investissement important. Je
m’emploie à inculquer le sens des responsabilités à nos jeunes
réservistes ».
D’après lui quelles sont les motivations de
ces jeunes réservistes ? « Le
goût du sport, la recherche de l’esprit de camaraderie dans une société très
individualiste, le prestige de notre unité et la volonté de servir qui existe
encore dans notre jeunesse malgré tout ce que l’on entend ! »,
conclut joliment le capitaine Le Bars dont le ton traduit une pointe de fierté
quand il parle de « ses petits
gars » pour reprendre la célèbre formule d’un certain Marcel Bigeard…
Lieutenant
(R) François GAIGNAULT
Réserviste
chez les paras, en route vers le grand saut ?
Tous les réservistes de la 5e
compagnie du 17e Régiment du Génie Parachutiste ont la possibilité
de passer le brevet militaire de parachutiste. Pour cela, il faut remplir
deux conditions : passer une visite
médicale et être déclaré apte à l’issue ; réussir les tests physiques TAP
qui ont lieu une fois par an. Au 17ème RGP, ils se déroulent au mois
de novembre. Ensuite, l’instruction se déroule à Pau, école des troupes
aéroportées, pendant une douzaine de jours. On doit faire six sauts à ouverture
automatique pour obtenir son brevet para. « Ce
n’est pas obligatoire, mais pour l’esprit de corps nous encourageons nos jeunes
réservistes à passer ce brevet. Actuellement, 65% des réservistes de notre
compagnie sont brevetés », précise le capitaine Yann Le Bars, qui a
lui-même passé son brevet à l’âge de 41 ans. Des sauts sont prévus pour les
réservistes au sein du régiment.
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Témoignage
d’un jeune réserviste de 21 ans
« Je
me suis engagé au sein de la 5e compagnie du 17e RGP en
novembre 2011 en tant que soldat de seconde classe. Je viens chercher dans
l’armée une occupation qui sort de l’ordinaire et réaliser un rêve. Néanmoins,
la réalité comprend un certain nombre de contraintes comme les exigences
physiques et surtout morales. En effet, le passage de la société civile au
monde militaire nécessite des obligations hiérarchiques qui ne me sont pas
familières en dehors des murs du « 17 ». Passé le cap de
l’intégration des « us et coutumes » militaires, la réserve m’a
permis d’apprécier l’esprit de cohésion qui se manifeste à chaque instant lors de
nos périodes militaires. Lors des convocations je fais des rencontres
inattendues, c’est-à-dire que je rencontre des gens que je n’aurais peut-être
jamais croisés dans le civil et avec qui je n’aurais jamais eu l’occasion de
discuter. De plus, j’acquiers de nouvelles connaissances et davantage
d’expérience. Tout cela me donne envie d’être parachutiste, école de rigueur
par excellence où l’on apprend à se dépasser. Je suis fier de mon activité de
réserviste au sein du 17e RGP qui me permet de prolonger une lignée
familiale dont de nombreux membres ont appartenu aux forces armées de notre
pays », explique le sapeur Paul de Beaunay, réserviste à la 5e
compagnie du 17e RGP depuis un an.
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Le 17e
régiment du génie parachutiste :
Département :
Tarn-et-Garonne (82)
Création :
Août 1946, 17e Bataillon du Génie Aéroporté.
Le 17e
Régiment du Génie Parachutiste est l’héritier du 17e Régiment
Colonial du Génie qui s’est illustré lors de la Seconde Guerre mondiale.
Campagnes :
Seconde Guerre mondiale avec franchissement du Rhin à Germersheim, guerre
d’Indochine, guerre d’Algérie, guerre du Golfe, guerre d’Afghanistan.
Décorations :
Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de vermeil et croix de la valeur
militaire avec trois palmes. Fourragère aux couleurs du ruban de la croix de la
valeur militaire.
Effectifs
en 2012 : 850 hommes.
Nom
du Chef de Corps en 2012 : Colonel Stéphan Vales.
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