Quartier Joffre hier matin huit heures. Zone technique du 19e RG, une compagnie complète est réunie pour la perception de l’armement et des munitions. Mission : participation au plan Vigipirate avec patrouilles au pied de la Tour Eiffel du 25 juillet au 8 août. Signe particulier : les 61 hommes et femmes qui vont embarquer dans deux bus de l’armée de Terre ne sont pas des militaires d’active mais des réservistes qui, tous, ont pris sur leur temps libre ou sur leurs vacances pour participer à l’opération.
Mieux. L’initiative est une première en France. Et, pour la
circonstance, elle a fait l’objet d’une préparation particulièrement
minutieuse. Ainsi que l’explique le chef de corps, le colonel
Fouilland, la 5e compagnie a été désignée en septembre.
Elle a donc pu monter progressivement en puissance avec plusieurs
exercices majeurs au menu : un stage d'une semaine en février au camp
de Mourmelon pour tester sa capacité opérationnelle, une mise en
condition de 5 jours sur certains sites de la LGV en mai et, enfin, des
cours de légitime défense, de tir, de technique de corps à corps et de
sensibilisation au risque chimique pour parfaire la formation.
De vraies responsabilités
Hier matin, ce sont donc des troupes parfaitement averties et motivées
qui ont pris la route vers Paris. A commencer par leur commandant
d'unité, le capitaine Sage, professeur d'histoire-géographie dans le
civil à Neufchateau. Son engagement, c'est à une « très bonne
expérience du service national » qu'il le doit. « J’ai décidé de
poursuivre à l'issue » confie-t-il « parce que cela permet de se rendre
utile. De servir autrement que dans le civil. D'exercer d'autres formes
de responsabilités qui donnent confiance ». Sans oublier, enfin, des
« valeurs » auxquelles il croit.
Partager cette même ambiance de « cohésion », découvrir des activités
impossibles dans le civil, se dépasser soi-même, telle est aussi la
motivation d'Alexandra Colombain, une jeune Baumoise de 20 ans
actuellement en fac de lettres, qui a découvert l'armée à l'occasion
des journées de préparation à la défense. « Intéressée, j'ai ensuite
fait une semaine de stage » explique-t-elle à la veille de son premier
vrai baptême du feu.
7 jours sur 7, 24 h sur 24
Salarié à la compagnie de bateaux-mouches de Villers-le-lac, Tony Del
Torchio est lui aussi très conscient de la responsabilité qui va être
la sienne. C'est d'ailleurs ce qui l'attire. Bien sûr, « il y a
l'ambiance avec les copains que l’on retrouve. Mais là on va nous
confier des missions comme à ceux d'active ». Autant dire qu'il faudra
« se montrer à la hauteur ». Ce qui ne l'impressionne pas autrement,
lui qui est déjà parti 4 mois en mission en Côte d'Ivoire.
A Paris, en tout cas, il faudra à la fois se montrer vigilant, présent
et discret en même temps. 7 jours sur 7. Et 24 h sur 24. La nature même
de l'engagement.
Bernard PAYOT
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Photos Patrick BRUMENT
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